Né le 3 mai à Santiago du Chili. Ses parents, Manuel Rosenmann et Dora Taub, sont des émigrés de Pologne. Enfant précoce, il apprend à lire à un an et demi. Son père, polyglotte et lecteur doté d’une grande intelligence critique, lui fait connaître très tôt la littérature mondiale. Sa mère, pianiste hors pair, commence à lui enseigner le piano à deux ans. Il écrit ses premiers poèmes à trois ans, et à sept ans il a pleinement conscience d’être poète. Ses parents, témoins de ses dons exceptionnels, encouragent sa vocation. À neuf ans, il prend en charge son premier élève de piano.
Il poursuit son éducation au Colegio Europeo et au Liceo de Aplicatión. Il écrit de la poésie quotidiennement. Au cours des premières années de son adolescence il conçoit El Adolescente et le premier volume de Cortejo y Epinicio (Cortège et Épinicie). Il les compose en partie pendant les périodes de récréation à l’école.
Il continue son éducation musicale. Il étudie le piano avec Roberto Duncker, qui l’incite à devenir un pianiste de concert. Il étudie la méthodologie musicale avec Carlos Isamitt, le rythme avec Andrée Haas (élève de Dalcroze), et la composition, le contrepoint et la fugue avec Pedro Humberto Allende qui lui conseille de se consacrer entièrement à la composition.
Frappé par son talent, l’écrivain Luis Merino Reyes le présente au Sindicato de Escritores de Chile (Association des Écrivains du Chili). Le poète Antonio de Undurraga, secrétaire du Sindicato, lui demande de voir un exemple de son travail. Il donne à Undurraga une version du manuscrit de son long poème El Adolescente composé en 1941, à l’âge de quatorze ans. Quelque temps plus tard Undurraga fait au poète la surprise de lui donner un exemplaire du nouveau magazine littéraire Caballo de Fuego, dans lequel il a fait publier El Adolescente.” Voilà ce que je pense de votre poème”, dit-il à Rosenmann-Taub.
Il étudie l’espagnol à l’Instituto Pedagógico de l’Université du Chili.Il y obtiendra le titre de Professeur d’Espanol. Il prend aussi des cours de botanique, d’astronomie, d’anatomie, d’anglais, de français, de portugais, de stylistique, d’esthétique, et d’art. Ces études font partie d’une vaste érudition acquise au cours de sa vie grâce à la lecture de nombreuses disciplines en plusieurs langues. Il contribue au soutien économique de sa famille en donnant des leçons particulières de piano, de grammaire et de littérature.
Il présente à un concours le manuscrit du premier volume de Cortejo y Epinicioet le prix de poésie du Sindicato de Escritores lui est attribué.
Arturo Soria, réfugié espagnol qui a fondé la prestigieuse maison d’édition chilienne Cruz del Sur, publie le premier volume de Cortejo y Epinicio. Le livre reçoit un accueil enthousiaste de la presse. Il est notamment salué dans un article très élogieux par Alone, critique littéraire de haute volée, qui le fait paraître dans le journal le plus diffusé au Chili, El Mercurio.
Il enregistre plusieurs de ses poèmes pour El Archivo de la Palabra (Les Archives de la Parole), série d’enregistrements d’auteurs dirigée par Soria.
Cruz del Sur publie Los Surcos Inundados (Les Sillons Inondés) pour lequel il reçoit le Premio Municipal de Poesía.
Pour son livre (inédit) El Regazo Luminoso (Le Giron Lumineux), il obtient le Premio Nacional de la Universidad de Concepción (le Prix National de l’Université de Concepcíon).
Il rencontre Georg Friedrich Nicolai, scientifique, pacifiste, ami d’Einstein. À la suggestion de Nicolai, il étudie la physique.
La Enredadera del Júbilo (Liane d’Allégresse) est publiée d’abord dans le magazine Atenea puis comme livre par Cruz del Sur.
Durant cette période, bien qu’il écrive sans cesse, il ne publie qu’un petit volume, en 1962: Cuaderno de Poesia (Carnet de Poésie)(Taller Edition 99). Son éditeur, Arturo Soria, ferme Cruz del Sur et revient en Espagne. Le père de Rosenmann-Taub a des difficultés financières et le poète donne des leçons particulières du matin au soir pour soutenir sa famille. Très tard dans la nuit, il continue à écrire.
Il rencontre à Buenos Aires l’écrivain polonais Witold Gombrowicz qui exprime son admiration pour Cortejo y Epinicio.
Publication de Cuaderno de Poesía (Carnet de Poésie) (Taller édition 99).
À la même époque on vole une grande quantité de ce que possède Rosenmann-Taub, dont cinq mille pages manuscrites de sa poésie.
Un coup d’état militaire renverse le gouvernement de Salvador Allende.
Il fait la connaissance à Buenos Aires de l’écrivain Victoria Ocampo, qui apprécie hautement le manuscrit encore inédit de El Cielo en la Fuente (Le Ciel dans la Fontaine).
Il voyage en Amérique du Sud et en Europe grâce à une bourse de la Oriental Studies Foundation. Il écrit Ajorca de Europa ( Bracelet d’Europe), inédit à ce jour.
Il donne des conférences à New York sur sa poésie et sur San Juan de la Cruz, Sor Inès de la Cruz, Monet, Vermeer, Beethoven, Ravel et Albéniz parmi d’autres.
Publication de Los Despojos del Sol: Ananda Primera (Restes du Soleil: Première Ananda) par Esteoeste à Buenos Aires.
Publication de El Cielo en la Fuente (Le Ciel dans la Fontaine)par Esteoeste à Buenos Aires.
Publication de Los Despojos del Sol: Ananda Segunda (Restes du Soleil: Seconde Ananda) et la deuxième édition du premier volume de Cortejo y Epinicio, tous les deux par Esteoeste à Buenos Aires.
Il rencontre Nahúm Kamenetzky qui, à plus de soixante-dix ans, travaille comme garçon de livraison chez l’imprimeur des livres de Rosenmann-Taub. Il découvre que Kamenetzky a écrit une collection de carnets d’aphorismes, dont la véracité retient l’attention du poète; en collaboration avec Kamenetzky, il transforme un certain nombre d’entre eux en un livre qu’il publiera sous le nom de Al Rey su Trono (Au Roi son Trône).
Reçoit une subvention de la Oriental Studies Foundation.
Publication de Al Rey su Trono par Esteoeste à Santiago, illustré par plusieurs dessins du poète.
Il s’établit aux États-Unis. Il se consacre à ses activités artistiques et donne aussi des leçons particulières de littérature, de musique et d’art pictural.
Il enregistre un grand nombre de ses compositions pour piano. Parmi celles-là: Abecechedario (Abécédaire), Morir para Nacer (Mourir pour Vivre) et Fuegos Naturales (Feux Naturels).
Il rassemble la collection de ses propres dessins exécutés au cours de sa vie, dont la série Alarde (Parade), et La Bofetada (La Gifle). Il continue à dessiner.
Il écrit d’abondance. Il révise le second, le troisième et le quatrième volume de Cortejo y Epinicio, La Mañana Eterna (Le Matin Éternel), et les douze volumes de Los Despojos del Sol. Il prépare une édition de El Cielo en la Fuente avec ses propres commentaires, et un livre de commentaires sur une sélection de ses poèmes, qui est en train d’être traduit en anglais et en français. Ses oeuvres poétiques, quand elles seront publiées dans leur totalité, compteront plus de quarante volumes.
En 2000, Corda, fondation à but non lucratif, est créée pour préserver, disséminer, et étudier l’oeuvre de Rosenmann-Taub.
En 2002, LOM ediciones publie une nouvelle édition de Cortejo y Epinicio (Volume I); en 2003, El Mensajero (Le Messager), Volume II de Cortejo y Epinicio; en 2004, El Cielo en la Fuente et La Mañana Eterna (Le Ciel dans la Fontaine et Le Matin Eternel) en un seul volume, et País Más Allá (Pays Au Delà); en 2005, Poesiectomía (Poésiectomie); en 2006, Los Despojos del Sol, Anandas I et II (Les Restes du Soleil); la même année: En un lugar de la Sangre (Dans un lieu du Sang) publié par Mandora Press, recueil accompagné d’un CD et d’un DVD; en 2007, Auge (Expansion); en 2008, Quince (Quinze), livre de commentaires par l’auteur sur quinze de ses poèmes, avec un CD dans lequel il les lit; en 2011, La Opcíon (L’Option), volume III de Cortejo y Epinicio; en 2013, La Noche Antes (La Nuit d’avant), Volume IV de Cortejo y Epinicio; cette même année, publication de la quatrième édition du premier volume de la tétralogie, sous le nom de El Zócalo (Le Socle) ; les quatre volumes sont maintenant aussi disponibles dans un coffret; en 2014, Los Surcos Inundados (Les Sillons Inondés); en 2015, Oó,o, publié par Editorial Pre-Textos; en 2016, Trébol de Nueve, publié par LOM Ediciones; en 2017, Alm-ería, publié par Editorial Pre-Textos; en 2018, Jornadas, publié par LOM Ediciones; en 2020, GLOSA, publié par Mandora Press; en 2021, Tílimtilín, publié par LOM Ediciones.
C'est avec une profonde douleur que nous annonçons le décès de David Rosenmann-Taub le 11 juillet 2023, à l'âge de 96 ans. Nécrologies: